« Je ne voulais pas tâaimer, surtout quand on sâest mariĂ©s ; peut-ĂȘtre ne lâavais-je jamais fait comme il le fallait. Ătre aux cĂŽtĂ©s de quelquâun, nâimporte qui. Me convaincre que je lâavais choisi. Je me disais que ce serait comme avec tout le monde, quâon finirait par se lasser, sinon sâĂ©gorger pour des motifs dĂ©risoires. Jâavais tort, car mĂȘme nos disputes ne mâont plus dĂ©rangĂ©e. Combien de fois ai-je dĂ» me dire que tout Ă©tait faux et que je ne te voulais plus, pour ne pas penser aux autres. Quand jâai accouchĂ© dâAbby, jâai subitement cessĂ© de tâen vouloir. Mais toi, tu nâas rien vu. Jâen avais mal aux membres, comme si mon attachement pour toi avait dĂ©cuplĂ©, en simultanĂ©. Et dĂšs lors, je nâen ai plus eu pour notre fille. »
AprĂšs avoir fait une entrĂ©e remarquĂ©e sur la scĂšne littĂ©raire quĂ©bĂ©coise avec Une irrĂ©sistible envie de fuir (David, 2017), Catherine Bellemare rĂ©cidive avec Le tiers exclu, un deuxiĂšme roman tout aussi Ă©tonnant. Sur fond de dĂ©pendance, de toxicomanie, de troubles mentaux, de quĂȘte identitaire et de solitude, des sujets qui lui sont chers, la jeune romanciĂšre Ă©corche, dâune maniĂšre aussi crue, le thĂšme de la parentalitĂ©, du point de vue du pĂšre, de la mĂšre et de la fille, Abbygail, qui se retrouve dans une famille quâelle non plus nâa pas choisie.