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Les chiens sauvages

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Les " chiens sauvages ", ce sont ceux que l'on appelait les Croquants, en PĂ©rigord. Simples paysans que la misĂšre poussa Ă  la rĂ©volte... L'action se joue dans une rĂ©gion familiĂšre Ă  Michel Peyramaure : le PĂ©rigord blanc, entre BrantĂŽme, PĂ©rigueux et Bergerac ; Ă  une Ă©poque qu'il connaĂźt bien : peu aprĂšs l'assassinat d'Henri IV, sous le rĂšgne de Louis XIII. DĂ©jĂ , sous le rĂšgne d'Henri IV, des soulĂšvements populaires avaient secouĂ© le PĂ©rigord lorsque s'abattaient de nouveaux impĂŽts et que devenaient plus insupportables les exactions des soldats du roi cantonnĂ©s chez l'habitant. Dans les annĂ©es 1635-1641, et toujours pour les mĂȘmes raisons, une flambĂ©e de colĂšre jeta les " croquants " sur les chĂąteaux, les garnisons et les villes. Pauvrement armĂ©s mais rĂ©solus, ces paysans rĂ©voltĂ©s menaient des actions de guĂ©rilla sur lesquelles les forces royales avaient peu de prise. Cependant, en 1637, aprĂšs que les croquants eurent investi Bergerac, l'armĂ©e de La Valette, gouverneur de la Guyenne, les Ă©crasa Ă  la bataille de La Sauvetat. RegroupĂ©s sous la direction de Pierre Grellety ? l'un des hĂ©ros du roman ?, mieux armĂ©s, les croquants prirent leur revanche au cƓur de la forĂȘt de Vergt : deux cents gaillards mirent en fuite les deux mille hommes du roi. De revers en demi-succĂšs, cela pouvait durer longtemps. Richelieu dĂ©cida d'en finir : par la paix, non par la guerre. Il fit venir Grellety Ă  Paris, le nomma capitaine d'un rĂ©giment et lui confia le gouvernement d'une place forte française des Alpes, Vercelli, du cĂŽtĂ© de la vallĂ©e d'Aoste ! Et c'est ainsi que s'acheva, en 1641, la derniĂšre rĂ©volte des croquants : intelligemment.

Ces Ă©vĂ©nements sont rapportĂ©s par Gratien Donnadieu, intendant du seigneur de BrantĂŽme. Homme cultivĂ© et avisĂ©, Gratien, par ses fonctions mĂȘmes, voit beaucoup de choses et de gens, d'un bord et de l'autre. Sous sa plume, c'est toute une sociĂ©tĂ© qui s'anime, des grands seigneurs aux simples paysans. Ainsi s'entrecroisent des destins, heureux, tragiques, toujours pittoresques ? et des histoires d'amour, bien sĂ»r. Mieux encore : dans une piĂšce du chĂąteau de Bourdeilles, oĂč il loge, il dĂ©couvre dans un coffre les manuscrits de Pierre de BrantĂŽme, lui-mĂȘme seigneur de Bourdeilles, oubliĂ©s lĂ  et promis Ă  la destruction ; Pierre de BrantĂŽme, le grand BrantĂŽme, l'auteur des

illustres et des

. Gratien Donnadieu plonge dans ce fatras, y met de l'ordre, place le tout en lieu sĂ»r. C'est grĂące Ă  lui que l'Ɠuvre de BrantĂŽme a Ă©tĂ© sauvĂ©e. Ses " Vies " ne paraĂźtront qu'en 1665, alors que lui-mĂȘme (BrantĂŽme), Ă©tait mort en 1614. Cet heureux Ă©vĂ©nement, on le doit Ă  Gratien Donnadieu, c'est-Ă -dire Ă  Michel Peyramaure, conteur intelligent et malicieux de cette fresque pĂ©rigourdine.