Maurice Magre (1877-1941)
"C’est une chose très merveilleuse que de beaux yeux puissent pleurer des milliers de larmes sans que ni leur éclat ni leur couleur n’en soient altérés. Et ne faut-il pas s’étonner davantage encore que des cœurs charmants aient pu renfermer des trésors d’amour et de douleur, en aient répandu inlassablement la richesse, sans que les trésors soient le moins du monde diminués ?
Ce n’est pas que les femmes souffrent moins que les hommes, bien au contraire. Mais ce qu’elles jettent à la flamme dévoratrice c’est une substance d’elles qui donne beaucoup de lumière, un peu de chaleur, mais ne se consume pas.
Que l’on ne voie pas dans ces petites notes la moindre critique de ce que l’on a appelé la puissance d’oubli des femmes. Parmi tant d’êtres qui s’aimaient et qui ont été séparés au commencement de la guerre, les femmes n’ont pas oublié plus vite, et si elles ont trahi les premières, c’est que seules elles en avaient les tentations et les facilités.
La guerre nous a montré avec une terrible évidence combien sont fragiles nos affections et combien ceux qui paraissent le plus semblables et qui sont liés pour une brève éternité, peuvent aisément, au bout de quelques mois d’éloignement, devenir différents et étrangers."
Paris, 1915. Comment les petites femmes de Paris vivent-elles ce conflit qui leur enlèvent leurs amants ?
Roman court.