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Les écarts de l’imagination. Pratiques et représentation de la science dans le roman au tournant des Lumières

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En 1775, à Paris, paraît un roman intitulé Le Philosophe sans prétention. L’auteur de ce « roman chimique » est Louis-Guillaume de La Folie, membre de l’Académie de Rouen et interlocuteur de quelques-uns des principaux chimistes de son temps. Du roman au mémoire académique, il n’y a qu’un pas : monsieur de La Folie invite ses lecteurs à consulter à la fois sa fiction et ses textes savants pour y trouver les démonstrations de ses théories.

Son attitude est exemplaire de celle de plusieurs romanciers et scientifiques de la fin de l’Ancien Régime. Pendant que certains se méfient des « écarts de l’imagination », d’autres, au contraire, croient que le roman a quelque chose de propre à dire sur les sciences et leur avancement. Ce sont les représentations proposées par les uns et par les autres que met en lumière Joël Castonguay-Bélanger.

Qui sont ces romanciers et ces scientifiques ? On croise dans Les écarts de l’imagination Buffon et Bernardin de Saint-Pierre, Lavoisier et le marquis de Sade, Condorcet et Rétif de La Bretonne, Lamarck et Casanova, sans oublier quelques savants fous et des charlatans comme Mesmer. Tous ces gens se sont passionnés pour le mouvement des marées, l’ascension des premiers ballons et les théories de la reproduction. Entre boudoirs et laboratoires, ils ont voulu comprendre l’attraction des corps, au sens newtonien comme au sens libertin. Les « pyrogues aérostatiques » les intéressaient autant que les voyages au centre de la terre. Pour eux, un « amusement » pouvait être « physique » et « géométrique ».

Ils ont vécu à une époque, la fin du XVIIIe siècle, traversée de révolutions. Celles-ci ont été politiques, scientifiques, littéraires. Le moment était venu de les embrasser d’un seul regard.

• Mention honorable, prix Raymond-Klibansky de la Fédération canadienne des sciences humaines (2009-2010)