H. - G. Wells (1866-1946)
"En m’asseyant ici pour écrire, à l’ombre d’une treille, sous le ciel bleu de l’Italie méridionale, il me vient à l’esprit, avec une sorte de naïf étonnement, que ma participation aux stupéfiantes aventures de M. Cavor fut, en somme, le résultat du plus simple accident. La chose eût pu advenir à n’importe quel autre individu. Je tombai au milieu de tout cela à une époque où je me croyais à l’abri des plus infimes possibilités d’expériences troublantes. J’étais venu à Lympne parce que je m’étais imaginé que Lympne devait être le plus paisible endroit du monde.
« Ici, au moins, m’étais-je dit, je trouverai le calme si nécessaire pour travailler. »
Ce livre en est la conséquence, tant la Destinée se plaît à embrouiller les pauvres petits plans des hommes.
Je puis, peut-être, dire ici que je venais alors de perdre de grosses sommes dans certaines entreprises malheureuses. Entouré maintenant de tout le confort de la richesse, j’éprouve un certain plaisir à faire cet aveu. Je veux même admettre encore que j’étais, jusqu’à un certain point, responsable de mes propres désastres. Il se peut que, pour diverses choses, je sois doué de quelque capacité, mais la conduite des affaires n’est certes pas de ce nombre.
En ce temps-là j’étais jeune – je le suis encore, quant aux années – mais tout ce qui m’est arrivé depuis a effacé de mon esprit ce qu’il y restait de trop juvénile. Que j’en aie acquis quelque sagesse est une question plus douteuse...
Il n’est pas nécessaire d’entrer dans le détail des spéculations qui me débarquèrent à Lympne, dans le comté de Kent."
M. Bedford s'installe dans une petite ville calme pour écrire LE drame qui renflouera ses caisses. Il fait la connaissance d'un voisin très particulier dont le comportement est étrange : c'est le savant Cavor. Celui-ci tente de mettre au point un métal, la cavorite, qui lui permettra de circuler dans l'espace et pourquoi pas... aller dans la lune...