Aveugle et trÚs belle, elle séduit et parle comme on peint, à fleur de peau et de sexe.
MalgrĂ© son handicap de voyant, il y avait eu de la premiĂšre fois dans ce baiser noir, aucune bouche de manta, heureusement. Il nâavait pas su qui de leur duo avait regardĂ© lâautre le premier, de la main, du bras et de lâĂ©treinte. Xi Ă©tait contre lui, câĂ©tait une nuit infiniment veloutĂ©e qui Ă©pousait son corps, Ă©toffe contre Ă©toffe, et la peau qui ne se dĂ©robait pas, prise dans le plissĂ© du tissu, câĂ©tait une eau sans eau, limitĂ©e au seul contact de deux ĂȘtres se rencontrant, sans heurt, aimantation lente, irrĂ©versible. Aucune image Ă dĂ©crire, aucune lumiĂšre, câĂ©tait une nuit aveugle se perdant dans les mots qui Ă©taient dans lâincapacitĂ© de la dĂ©finir.
Claude Soloy nous propose, dans ce texte dâune merveilleuse lĂ©gĂšretĂ©, une promenade de nuit dans les couleurs de la poĂ©sie amoureuse.