Octave Feuillet (1821-1890)
"Un soir du mois de mai, vers onze heures, un homme d’une cinquantaine d’années, fort bien fait et de haute mine, descendait d’un coupé dans la cour d’un petit hôtel de la rue Barbet-de-Jouy. Il monta d’un pas de maître les marches du perron. Deux ou trois domestiques l’attendaient dans le vestibule. L’un d’eux le suivit dans un vaste cabinet de travail situé au premier étage, et qui communiquait avec une chambre à coucher par une arcade drapée. Le valet raviva les feux des lampes qui éclairaient ces deux pièces, et il allait se retirer quand son maître lui dit : – Mon fils n’est pas rentré ? – Non, monsieur le comte... Monsieur le comte n’est pas souffrant ? – Souffrant ? pourquoi ? – Monsieur le comte est pâle. – J’ai eu un peu froid ce soir au bord du lac. – Monsieur le comte ne désire rien ? – Rien. Le domestique sortit. Resté seul, le comte s’approcha d’un meuble curieusement travaillé à la mode italienne, et y prit une boîte longue et plate en bois d’ébène." Le comte de Camors est un homme de haute naissance, élégant et cultivé, mais ruiné. Il est prêt à tout pour retrouver sa position sociale et sa fortune même s'il doit manipuler les autres...