Catherine H.
Ode Ă l'automne
J’aime l’automne, l’odeur de la terre humide, une vague senteur de champignons naissants imprégnant l’atmosphère.
J’aime l’automne, la lumière est moins vive, et les couleurs de l’or se mêlant aux cuivrés, dessinent un camaïeu à nul autre pareil.
J’aime l’automne dans sa farandole, lorsque le vent, déshabillant les arbres, emporte leurs feuilles qui tourbillonnent avant de se poser au sol.
J’aime l’automne qui fait bruisser ces traces mortes sous mes pas, vestiges des ramures estivales et des bourgeons printaniers.
J’aime cette forêt à nulle autre pareille, où nous nous promenions souvent aux temps de nos premières amours.
Te souviens-tu de nos courses joyeuses au milieu des chênes séculiers, témoins muets de notre passion, gardiens indéfectibles de nos ébats ?
Sur le tronc de l’un d’eux, j’avais gravé nos noms, enlacés dans un cœur, symbole de notre union.
Je te revois, tu me souriais dans ce doux soleil d’automne et tes cheveux se confondaient aux roux du feuillage.
Ton corps contre le mien, alanguis sur ce tapis de feuilles, qui nous servait de lit.
Le bonheur irradiait de tout ton être. N’était-ce pas là le miracle de l’amour ?
Et aujourd’hui encore, tu dors tranquille, la main
sur la poitrine…
Ou plutôt non, quelques mètres plus loin.
Il est vrai qu’en vidant mes sacs plastiques, que je me devais de conserver par respect pour la nature, certains membres ont roulé.
Sais-tu seulement le temps qu’il m’a fallu pour tout remettre en ordre ?
Peux-tu réaliser, dans ta petite tête d’oiseau, combien il est difficile de démembrer un être, aussi cher soit-il ?
Mais, non. Tu restes lĂ , placide.
Tu vas me regarder creuser et suer, sans bouger, sans rien dire.
Et quand enfin, je te déposerai par morceaux dans le trou à ta taille, il faudra encore te border de la terre retirée.
Mais, il ne faut pas être amers, nous nous sommes aimés. Et sur ton lit d’humus, je répandrai une couverture de ces feuilles si chères à notre amour.
Ces feuilles mortes qui abriteront ta dépouille lorsque les vers te dévoreront.
Dans quelques mois, tu ne seras plus rien, et je serai tranquille.
Mais la forêt te sera gré d’avoir contribué à la ressourcer : « Merci compost ami, merci belle inconnue ! »
Et le souvenir des feuilles mortes restera Ă jamais en nous.
Sniff !
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