Entre justification et explication, entre dire et faire, la destruction.
Est-ce une chose ou un Ă©vĂ©nement ? Un geste, une Ćuvre ou une opĂ©ration ? Un thĂšme ou un titre ? Est-ce mĂȘme bien un mot ? Quâappelle-t-on, ce sera lĂ ma question, destruction ?
Avec Heidegger, Derrida en appelle Ă la destruction. Oui, Ă la destruction. Lâa-t-on entendu ? Comme Heidegger (et câest aussi ce « comme » quâil sâagira dâexaminer ici), Derrida nomme et renomme la destruction. Il lui donne le temps et le nom, une renommĂ©e. Il la surnomme â dĂ©construction, par exemple, ou, plus tard, « mal dâarchive ». Comme Heidegger, Derrida travaille, traduit et retraduit la destruction, faisant parfois comme si tous ses mots, tous les mots et les phrases quâil propose et dĂ©ploie sur et Ă propos de la destruction, entretenaient des rapports sans rapport, rapports dĂ©jĂ trop clairs, ou encore bien obscurs.
Quâappelle-t-on destruction ? AprĂšs Heidegger, Derrida sây est attardĂ©, lui qui parlait, encore et encore, de destination et de destruction, lui qui nous a rappelĂ© si souvent Ă la destruction qui arrive, partout oĂč elle arrive. Posons que câĂ©tait lâun de ses combats, lâune de ses longues guerres (avec luimĂȘme, dâabord, et avec la destruction). Sera-ce finalement la nĂŽtre ? Est-il aujourdâhui temps de penser â aprĂšs Heidegger, avec Derrida â, temps de combattre aussi peut-ĂȘtre, au moins dâĂ©couter, la destruction qui vient ? Est-il encore temps de tĂ©moigner de la destruction qui croĂźt ?