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Sale temps pour les Allemands : Itinéraire de Werner Schneider, prisonnier de guerre allemand en France, 1945-1947

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Un pan peu glorieux de l'histoire : le sort des prisonniers de guerre allemands (PGA) en France.

C’est d’une histoire peu glorieuse, longtemps passĂ©e sous silence des deux cĂŽtĂ©s du Rhin, que tĂ©moigne ici Werner Schneider, sous la plume de sa fille, Christine. « [
] ce livre donne Ă©galement une consistance personnelle Ă  une lacune historiographique qui est celle du sort des prisonniers de guerre allemands (PGA) en France », prĂ©cise Beate Klarsfeld dans sa prĂ©face.

Werner Schneider fait partie de ces 750 000 PGA envoyĂ©s en France, dĂšs avril 1944, pour reconstruire le pays que leur armĂ©e avait dĂ©truit. DĂ©tenus dans les terribles camps de la plaine du Rhin, dans des conditions inhumaines, affamĂ©s, affectĂ©s au dĂ©minage des rĂ©gions cĂŽtiĂšres, aux travaux industriels ou agricoles, ils ne furent pas traitĂ©s comme l’exigeaient les conventions de GenĂšve. Si tous feront l’amĂšre expĂ©rience de la dĂ©faite et connaĂźtront le processus de dĂ©nazification, tous ne sont pas des criminels de guerre.

Le voile sur cette sombre page se lĂšve petit Ă  petit. « Nous n’avons jamais cessĂ© de lutter contre l’impunitĂ© des criminels nazis, mais nous n’avons jamais demandĂ© ou acceptĂ© que l’on persĂ©cutĂąt des Allemands parce qu’ils Ă©taient allemands », a dĂ©clarĂ© Serge Klarsfeld le 25 mai 2018 lors de l’inauguration d’une stĂšle au camp de Rivesaltes oĂč furent dĂ©tenus des PGA.

Un rĂ©cit remarquable, ponctuĂ© de rĂ©fĂ©rences historiques, Ă©crit en toute humanitĂ©. Un tĂ©moignage de premiĂšre main pour que « chacun puisse se forger une opinion personnelle de ce qui s’est alors passĂ©, car l’Histoire n’est pas seulement celle des vainqueurs », comme l’écrit Werner Schneider.

Werner Schneider a participĂ© au documentaire de l’historien Fabien ThĂ©ofilakis, Quand les Allemands reconstruisaient la France, rĂ©alisĂ© par Philippe Tourancheau, produit par CinĂ©tĂ©vĂ© et France TĂ©lĂ©visions, et diffusĂ© sur France 2 le 10 mai 2016.

Plongez dans le témoignage de premiÚre main de Werner Schneider, un des 750 000 PGA envoyés en France pour reconstruire le pays que leur armée avait détruit et découvrez un récit remarquable, ponctué de références historiques, écrit en toute humanité.

EXTRAIT

À Cherbourg, dans ses pensĂ©es, Werner se dira qu’à ce moment-lĂ  encore il aurait pu s’enfuir facilement et rejoindre l’Allemagne par ses propres moyens. S’il avait su !

Le 5 septembre 1945, quatre officiers, accompagnĂ©s d’autres soldats anglais, avaient dĂ©boulĂ© Ă  grand bruit de jeep dans le campement. C’était un dĂ©but de matinĂ©e glacial, dehors il gelait ; aussi, personne n’était parti aux travaux de la ferme. Tout se passa si vite que pas un ne put rĂ©agir. Sans mĂȘme leur laisser le temps de se vĂȘtir, ces parachutistes au bĂ©ret rouge firent mettre en formation les militaires allemands dans la cour, les regardĂšrent de la tĂȘte aux pieds, parlĂšrent en anglais sans qu’aucun comprĂźt, puis repartirent. Werner et ses compagnons avaient quand mĂȘme eu le temps de se geler ; ils rentrĂšrent en trombe pour s’habiller. Personne n’avait saisi un traĂźtre mot de ce qui avait Ă©tĂ© dit, certes fort, mais pas Ă  leur intention. Retour Ă  l’attente.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Franco-allemande, née 15 ans après la guerre, Christine Schneider a souvent entendu les récits de son père concernant son vécu de prisonnier de guerre allemand en France. Mais elle ne pouvait le resituer véritablement dans aucun contexte historique correspondant à ce qu’elle avait appris jusque-là. Le silence des mémoires nationales la laissait incrédule face à certaines conditions évoquées par Werner. Des heures de récits détaillés, des enquêtes sur les lieux du passé (Normandie, Bretzenheim), des lectures documentaires et des rencontres lui permettront d'écrire ce livre dans lequel elle peut enfin reconstituer l’histoire assez incroyable de son père, en vérifier la véracité et avoir envie de la faire connaître.