Un pan peu glorieux de l'histoire : le sort des prisonniers de guerre allemands (PGA) en France.
Câest dâune histoire peu glorieuse, longtemps passĂ©e sous silence des deux cĂŽtĂ©s du Rhin, que tĂ©moigne ici Werner Schneider, sous la plume de sa fille, Christine. « [âŠ] ce livre donne Ă©galement une consistance personnelle Ă une lacune historiographique qui est celle du sort des prisonniers de guerre allemands (PGA) en France », prĂ©cise Beate Klarsfeld dans sa prĂ©face.
Werner Schneider fait partie de ces 750 000 PGA envoyĂ©s en France, dĂšs avril 1944, pour reconstruire le pays que leur armĂ©e avait dĂ©truit. DĂ©tenus dans les terribles camps de la plaine du Rhin, dans des conditions inhumaines, affamĂ©s, affectĂ©s au dĂ©minage des rĂ©gions cĂŽtiĂšres, aux travaux industriels ou agricoles, ils ne furent pas traitĂ©s comme lâexigeaient les conventions de GenĂšve. Si tous feront lâamĂšre expĂ©rience de la dĂ©faite et connaĂźtront le processus de dĂ©nazification, tous ne sont pas des criminels de guerre.
Le voile sur cette sombre page se lĂšve petit Ă petit. « Nous nâavons jamais cessĂ© de lutter contre lâimpunitĂ© des criminels nazis, mais nous nâavons jamais demandĂ© ou acceptĂ© que lâon persĂ©cutĂąt des Allemands parce quâils Ă©taient allemands », a dĂ©clarĂ© Serge Klarsfeld le 25 mai 2018 lors de lâinauguration dâune stĂšle au camp de Rivesaltes oĂč furent dĂ©tenus des PGA.
Un rĂ©cit remarquable, ponctuĂ© de rĂ©fĂ©rences historiques, Ă©crit en toute humanitĂ©. Un tĂ©moignage de premiĂšre main pour que « chacun puisse se forger une opinion personnelle de ce qui sâest alors passĂ©, car lâHistoire nâest pas seulement celle des vainqueurs », comme lâĂ©crit Werner Schneider.
Werner Schneider a participĂ© au documentaire de lâhistorien Fabien ThĂ©ofilakis, Quand les Allemands reconstruisaient la France, rĂ©alisĂ© par Philippe Tourancheau, produit par CinĂ©tĂ©vĂ© et France TĂ©lĂ©visions, et diffusĂ© sur France 2 le 10 mai 2016.
Plongez dans le témoignage de premiÚre main de Werner Schneider, un des 750 000 PGA envoyés en France pour reconstruire le pays que leur armée avait détruit et découvrez un récit remarquable, ponctué de références historiques, écrit en toute humanité.
EXTRAIT
Ă Cherbourg, dans ses pensĂ©es, Werner se dira quâĂ ce moment-lĂ encore il aurait pu sâenfuir facilement et rejoindre lâAllemagne par ses propres moyens. Sâil avait suâ !
Le 5 septembre 1945, quatre officiers, accompagnĂ©s dâautres soldats anglais, avaient dĂ©boulĂ© Ă grand bruit de jeep dans le campement. CâĂ©tait un dĂ©but de matinĂ©e glacial, dehors il gelaitâ ; aussi, personne nâĂ©tait parti aux travaux de la ferme. Tout se passa si vite que pas un ne put rĂ©agir. Sans mĂȘme leur laisser le temps de se vĂȘtir, ces parachutistes au bĂ©ret rouge firent mettre en formation les militaires allemands dans la cour, les regardĂšrent de la tĂȘte aux pieds, parlĂšrent en anglais sans quâaucun comprĂźt, puis repartirent. Werner et ses compagnons avaient quand mĂȘme eu le temps de se gelerâ ; ils rentrĂšrent en trombe pour sâhabiller. Personne nâavait saisi un traĂźtre mot de ce qui avait Ă©tĂ© dit, certes fort, mais pas Ă leur intention. Retour Ă lâattente.
Ă PROPOS DE L'AUTEUR
Franco-allemande, neÌe 15 ans apreÌs la guerre, Christine Schneider a souvent entendu les reÌcits de son peÌre concernant son veÌcu de prisonnier de guerre allemand en France. Mais elle ne pouvait le resituer veÌritablement dans aucun contexte historique correspondant aÌ ce quâelle avait appris jusque-laÌ. Le silence des meÌmoires nationales la laissait increÌdule face aÌ certaines conditions eÌvoqueÌes par Werner. Des heures de reÌcits deÌtailleÌs, des enqueÌtes sur les lieux du passeÌ (Normandie, Bretzenheim), des lectures documentaires et des rencontres lui permettront d'eÌcrire ce livre dans lequel elle peut enfin reconstituer lâhistoire assez incroyable de son peÌre, en veÌrifier la veÌraciteÌ et avoir envie de la faire connaiÌtre.