Emile Zola (1840-1902)
"Le président était encore debout, au milieu du léger tumulte que son entrée venait de produire. Il s’assit, en disant à demi-voix, négligemment :
– La séance est ouverte.
Et il classa les projets de loi, placés devant lui, sur le bureau. A sa gauche, un secrétaire, myope, le nez sur le papier, lisait le procès-verbal de la dernière séance, d’un balbutiement rapide que pas un député n’écoutait. Dans le brouhaha de la salle, cette lecture n’arrivait qu’aux oreilles des huissiers, très-dignes, très-corrects, en face des poses abandonnées des membres de la Chambre.
Il n’y avait pas cent députés présents. Les uns se renversaient à demi sur les banquettes de velours rouge, les yeux vagues, sommeillant déjà . D’autres, pliés au bord de leurs pupitres comme sous l’ennui de cette corvée d’une séance publique, battaient doucement l’acajou du bout de leurs doigts...."
Eugène Rougon est un homme de pouvoir qui ne vit que pour cela. Il a beaucoup apporté à l'Empire et l'Empire lui a beaucoup apporté. Prévoyant sa disgrâce prochaine, il choisit de prendre les devants au grand dam de ses "amis" qui ont besoin de ses faveurs et qui manoeuvreront, après sa chute, pour le faire revenir en grâce, mais qui n'hésiteront pas, tout de même, à le dénigrer. Et c'est sans oublier la belle Clorinde, qu'Eugène a refusé d'épouser et qui dirige tout ce petit monde de profiteurs...
Avec "Son excellence Eugène Rougon", nous sommes en pleine arrière-boutique du monde politico-affairiste sous le second empire.