« Henri pourtant laissait vagabonder son esprit. Son corps faisait bien les gestes nĂ©cessaires pour surnager : ses bras Ă©cartaient lâeau, ses jambes pĂ©dalaient mĂ©caniquement, sa tĂȘte Ă©tait dressĂ©e telle un pĂ©riscope pour identifier les dangers, choisir une direction, analyser les Ă©vĂšnements. Mais rien de tout cela ne fonctionnait en raison. Lâengourdissement des membres, la lassitude, les dĂ©sillusions de ces deux derniĂšres annĂ©es, des perspectives dâavenir assez sombres ne parvenaient plus Ă tendre le ressort de vie de ce beau garçon de 28 ans. Qui le pleurerait ? Qui le regretterait ? » Comme son titre lâindique, ce court rĂ©cit nâest quâune trace de vie ; la seule trace de vie dâHenri M., jeune volontaire français des Brigades Internationales, mort au cours de la bataille de lâEbre pour sauver « la libertĂ© de lâEspagne, la libertĂ© du monde entier ». Lâauteur, qui est le neveu de ce « hĂ©ros rĂ©publicain », aura beaucoup ĆuvrĂ© pour restituer Ă sa famille, et plus particuliĂšrement Ă son pĂšre, frĂšre de Henri M., les circonstances de cet engagement oubliĂ©. Un rĂ©cit rĂ©aliste et impressionniste, un encouragement pour chacun Ă sâapproprier lâHistoire officielle en lui donnant corps, en entremĂȘlant souvenirs familiaux et suppositions, lectures et prĂ©occupations du prĂ©sent. En effet, nous dit lâauteur, « sans cette Ă©paisseur humaine, lâHistoire pourrait nâĂȘtre quâun conte racontĂ© aux enfants crĂ©dules ».