Ciel de Guerre

A l'aube du 8 novembre 1942, les Anglos-AmĂ©ricains investissent les cĂŽtes d'Afrique du nord dĂ©fendues par les forces vichystes : c'est l'OpĂ©ration Torch. Etienne de Tournemire, aux commandes de son escadrille va vivre trois jours de combats intenses contre les Spitfire et Hurricane britanniques avant qu'un cessez-feu ne vienne y mettre un terme, au grand soulagement des deux parties. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle invite alors ses anciens adversaires Ă  rejoindre ses rangs, « 200 aviateurs sous notre uniforme seront plus utiles Ă  la France que 2 000 sous l'uniforme anglais ». Cette volontĂ© de « rĂ©conciliation nationale » obĂ©it surtout Ă  un calcul politique : imposer la France Libre au sein de la coalition alliĂ©e. A cet effet, une nouvelle organisation tactique de l'armĂ©e de l'Air sous commandement français, mais relevant des autoritĂ©s amĂ©ricaines, voit rapidement le jour. Ainsi, l'escadrille des Diables rouges, dissoute en aoĂ»t 1940, est reformĂ©e Ă  Casablanca le 22 mars 1943. C'est notre ami Marceau qui en prend les rĂȘnes. Celui-ci est Ă©galement chargĂ© d'une mission plus dĂ©licate : complĂ©ter son unitĂ© avec des Ă©lĂ©ments ayant appartenu au « camp d'en face ». La prĂ©sence de ces anciens pilotes renĂ©gats est trĂšs diversement apprĂ©ciĂ©e des rĂ©sistants de la premiĂšre heure, la « fusion morale » invoquĂ©e par de Gaulle Ă©tant loin de faire l'unanimitĂ©. Pourtant, en dĂ©pit de l'hostilitĂ© manifeste de ses coreligionnaires, Etienne de Tournemire parvient Ă  intĂ©grer les Diables rouges. La boucle est bouclĂ©e, comme en mai 40, pendant la campagne de France, les deux anciens frĂšres d'armes, Marceau et de Tournemire, volent de nouveau sous le mĂȘme emblĂšme, ce fameux diable frappĂ© sur la carlingue de leurs Curtiss. Ce Diable rouge auquel Etienne de Tournemire doit dĂ©sormais rendre des comptes.