Dans une ville provinciale de Russie, le mystérieux Tchitchikov offre aux propriétaires terriens de leur racheter leurs « âmes mortes » – leurs serfs décédés depuis le dernier recensement. Galerie de portraits, satire mordante, odyssée burlesque, Les Âmes mortes sont le premier grand roman russe.
Traduction intégrale et conforme au texte russe, avec une introduction et des notes, par Henri Mongault, 1925.
EXTRAIT
La porte cochère d’une hôtellerie de chef-lieu livra passage à une assez jolie petite calèche à ressorts, une de ces britchkas dont usent les célibataires, commandants et capitaines en retraite, propriétaires d’une centaine d’âmes, bref tous gens de moyenne noblesse. La calèche était occupée par un monsieur, ni beau ni laid, ni gras ni maigre, ni jeune ni vieux. Son arrivée en ville passa inaperçue ; seuls deux hommes du peuple, qui se tenaient à la porte d’un cabaret en face de l’hôtellerie, échangèrent quelques remarques concernant plutôt l’équipage que le voyageur.
— Regarde-moi cette roue, dit l’un ; en cas de besoin irait-elle jusqu’à Moscou ?
— Que oui, répondit l’autre.
— Mais, jusqu’à Kazan, elle ne tiendrait sans doute pas ?
— Pour ça, non, fut la réponse.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Nikolaï Vassiliévitch Gogol est un romancier, nouvelliste, dramaturge, poète et critique littéraire russe d'origine ukrainienne, né à Sorotchintsy dans le gouvernement de Poltava le 19 mars 1809 et mort à Moscou le 21 février 1852.