Jâai Ă©tĂ© un adolescent prĂ©coce et timide.
A lâheure oĂč je goĂ»tais les GĂ©orgiques et oĂč Virgile, avant LucrĂšce, donnait une forme antique aux Ă©motions confuses quâĂ©veillait en moi le spectacle de la nature, je sentis les premiĂšres fiĂšvres dâun sang tumultueux. Je ne courais pas aprĂšs une jeune paysanne, mais je poursuivais GalatĂ©e sous les saules. Elle fuyait et me laissait déçu. Plus heureux lorsque je rĂȘvais, je serrais une nymphe dans mes bras et mĂȘlais mes membres maladroits aux siens. JâĂ©tais Ă©levĂ© Ă la campagne, sans camarades. Le moindre lycĂ©en aurait pris en pitiĂ© mon inexpĂ©rience. Sain et fort jusquâĂ lâexcĂšs, je courais, je nageais, je montais Ă cheval ; je me fatiguais sans arriver Ă calmer lâardeur qui me dĂ©vorait.
Source: http://www.bmlisieux.com/archives/anet01.htm