Une mĂšre trop tĂŽt partie, un pĂšre trop souvent au bistrot puis absent, des grands-parents qui ont acceptĂ© de prendre en charge toute une fratrie⊠Il y a assurĂ©ment, dĂšs les jeunes annĂ©es de Carmen, de profonds sĂ©ismes, de grandes douleurs, des relations familiales qui se vivent sur le mode de lâĂ©chec. NĂ©anmoins, ce nâest ni le misĂ©rabilisme, ni le dolorisme qui prĂ©valent dans cette autobiographie dâune enfant des corons au dĂ©but du siĂšcle dernier. Une sereine humilitĂ© et une bonne dose de fiertĂ© habitent bien plutĂŽt ce texte qui nous ouvre le monde dâune fillette, puis dâune jeune femme au caractĂšre frondeur et parfois entĂȘtĂ©, qui, aujourdâhui, redonne vie Ă ces figures â grand-mĂšre, oncle, amis â qui ont contribuĂ© Ă insuffler, au fil de cette pĂ©riode, bonheur et joie Ă son cĆur. Avec "Au pied des monts", M.-F. Wick fait plus quâĆuvre autobiographique. En effet, par-delĂ le dit intime, ce texte inscrit entre ces lignes les vies et les mĆurs du Nord de la France de la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle. Gestes et rites, petits et grands Ă©vĂ©nements rythment ainsi ce rĂ©cit qui importe encore en son sein la langue, les intonations, les accents dâune rĂ©gion oĂč lâon cultive lâabnĂ©gation et la solidaritĂ©.