Ces "brĂ©viaires des aubes et des vents", comme les avait nommĂ©s Jacques LacarriĂšre, ont Ă©tĂ© principalement Ă©crits de la haute Asie Ă lâarchipel indonĂ©sien. Lâauteur partageait avec J. et N. Bouvier, dont une lettre introduit le recueil, une paisible urgence et une brĂ»lante dĂ©lectation Ă dĂ©rouler le fil de lâhorizon. Ces trois grands poĂšmes, qui dĂ©notent un long et sensuel frottement Ă la langue et Ă la littĂ©rature, touchent et Ă©meuvent par le concret de leurs Ă©vocations et le sentiment dâenfance qui les traverse. De lâExtrĂȘme-Orient, Bernard Creutz importe dans sa poĂ©sie impressions et couleurs, mais aussi, plus troublant, ces rythmes liquides, parfois languides, qui sâĂ©tirent et sâĂ©tendent au point de sâannuler. Et ces "Carnets de mousson" de se situer quasiment hors temps, au creux dâune parenthĂšse envoĂ»tante, dont on Ă©merge Ă©tourdi, comme au sortir dâun sommeil enrĂȘvĂ©.