Je mâappelle StĂ©phane. Jâai quarante et un ans et quelques kilos de trop comme beaucoup dâhommes de mon Ăąge ayant cessĂ© un peu trop tĂŽt toute activitĂ© sportive sans pour autant arrĂȘter les bonnes bouffes bien arrosĂ©es. Jâai les cheveux mi-longs et chĂątains, enfin, jâavais les cheveux chĂątains ! La grisaille du temps entreprend depuis quelques annĂ©es dĂ©jĂ son empreinte. Je les tire en arriĂšre afin de cacher au mieux une calvitie naissante sur le sommet du crĂąne. Je suis mariĂ© depuis dix-neuf ans Ă Patricia, une jolie rousse. Lorsque je rentre le soir, je feins de mâintĂ©resser Ă ce quâelle me raconte. Patricia est secrĂ©taire commerciale dans une petite agence immobiliĂšre. Elle me parle de ses tracas au bureau, de M. et Mme Untel satisfaits de son accueil, de son patron, un homme dâune cinquantaine dâannĂ©es largement trop imbu de sa personne, de ses collĂšgues, parfaits agents immobiliers aux maniĂšres un peu trop pompeuses Ă mon goĂ»t. Je lâĂ©coute patiemment, je hoche parfois la tĂȘte pour montrer mon assentiment mais en fait, je ne suis dĂ©jĂ plus avec elle. Je nâaime pas cette hypocrisie qui me gagne. Je voudrais lâattraper violemment par le bras, la secouer et lui crier le fond de mes pensĂ©es. « Putain, rĂ©veille-toi Patricia ! RĂ©veille-toi ! Tu nâvois pas que je nâtâaime plus ! Tu nâvois pas que notre couple est mort ! » Mais je me tais...