Nous étions en mars 2003. Depuis plusieurs années, de nombreuses tentatives de coup d’État perturbaient la République centrafricaine. Cette année-là, tout comme l’année précédente, avec l’aide de la France et la complicité de pays africains comme le Cameroun, le Tchad ou encore le Gabon, le Chef d’État-Major centrafricain, le général François Bozizé, ambitionnait de renverser le régime qu’il servait. Il avait été nommé quelques années plus tôt par papa à la tête des armées.
Papa, c’est Ange-Félix PATASSÉ. Il accéda démocratiquement à la présidence de la République centrafricaine en 1993. Au début des années 2000, il effectuait son deuxième et dernier mandat, conscient que certains membres de son gouvernement pouvaient à tout moment céder aux offres alléchantes d’un nouvel avenir, sans lui, proposées par la France.
La personnalité nationaliste et ferme de papa lui a valu de ne pas répondre aux critères de certains pays Occidentaux, omniprésents dans notre politique intérieure et soucieux de garder le contrôle. Un coup d’État se préparait silencieusement en coulisses. Les militaires étaient soudoyés ; ils désertaient progressivement en détournant les munitions pour un projet aux sombres desseins.
Je m’appelle Providence PATASSÉ. J’avais dix ans lorsque papa s’est fait renverser.
Je vous livre ici l’un des épisodes les plus marquants de ma famille, à travers mes yeux d’enfant.