Charles Dickens (1812-1870)
"Je nâeus pas de peine Ă cĂ©der aux priĂšres de Peggotty, qui me demanda de rester Ă Yarmouth jusquâĂ ce que les restes du pauvre voiturier eussent fait, pour la derniĂšre fois, le voyage de Blunderstone. Elle avait achetĂ© depuis longtemps, sur ses Ă©conomies, un petit coin de terre dans notre vieux cimetiĂšre, prĂšs du tombeau de « sa chĂ©rie », comme elle appelait toujours ma mĂšre, et câĂ©tait lĂ que devait reposer le corps de son mari.
Quand jây pense Ă prĂ©sent, je sens que je ne pouvais pas ĂȘtre plus heureux que je lâĂ©tais vĂ©ritablement alors de tenir compagnie Ă Peggotty, et de faire pour elle le peu que je pouvais faire. Mais je crains bien dâavoir Ă©prouvĂ© une satisfaction plus grande encore, satisfaction personnelle et professionnelle, Ă examiner le testament de M. Barkis et Ă en apprĂ©cier le contenu.
Je revendique lâhonneur dâavoir suggĂ©rĂ© lâidĂ©e que le testament devait se trouver dans le coffre. AprĂšs quelques recherches, on lây dĂ©couvrit, en effet, au fond dâun sac Ă picotin, en compagnie dâun peu de foin, dâune vieille montre dâor avec une chaĂźne et des breloques, que M. Barkis avait portĂ©e le jour de son mariage, et quâon nâavait jamais vue ni avant ni aprĂšs ; puis dâun bourre-pipe en argent, figurant une jambe ; plus dâun citron en carton, rempli de petites tasses et de petites soucoupes, que M. Barkis avait, je suppose, achetĂ© quand jâĂ©tais enfant, pour mâen faire prĂ©sent, sans avoir le courage de sâen dĂ©faire ensuite ; enfin, nous trouvĂąmes quatre-vingt sept piĂšces dâor en guinĂ©es et en demi-guinĂ©es, cent dix livres sterling en billets de banque tout neufs, des actions sur la banque dâAngleterre, un vieux fer Ă cheval, un mauvais shilling, un morceau de camphre et une coquille dâhuĂźtre. Comme ce dernier objet avait Ă©tĂ© Ă©videmment frottĂ©, et que la nacre de lâintĂ©rieur dĂ©ployait les couleurs du prisme, je serais assez portĂ© Ă croire que M. Barkis sâĂ©tait fait une idĂ©e confuse quâon pouvait y trouver des perles, mais sans avoir pu jamais en venir Ă ses fins."
Tome II
David Copperfield raconte sa vie parfois chaotique, de sa naissance Ă son second mariage...