La Suisse est un pays multilingue. Qu’en est-il de sa population ? Toutes et tous bilingues ? Selon les chiffres que l’on consulte, on pourra croire que les plurilingues sont environ 18%... ou 64% !
Depuis le XIXe siècle, la Suisse mobilise la statistique pour gouverner les communautés linguistiques, voire pour mesurer – discrètement – l’intégration des populations (suisses comme étrangères). En tant qu’outil de gestion du plurilinguisme, la statistique est aujourd’hui encore régulièrement citée lors de débats politiques sensibles.
Dans une analyse fine des pratiques sociales et linguistiques, menée dans les coulisses de la statistique officielle, l’auteur explore les tensions et contradictions qui animent le processus de quantification. Il n’étudie pas la validité des chiffres, mais les idées sur les langues et dialectes, ainsi que leur impact sur les comportements d’acteurs et institutions qui agissent à différentes étapes de la production statistique.
On y rencontre des individus d’habitude invisibles : statisticien·ne·s, linguistes, chercheuses et chercheurs, responsables institutionnel·le·s, enquêtrices et enquêteurs-téléphonistes, répondant·e·s... Autant de locuteurs et locutrices qui se demandent s’ils sont monolingues, bilingues ou plurilingues, et cherchent à estimer la valeur symbolique ou matérielle de ces pratiques linguistiques.
Un ouvrage de sociolinguistique qui intéressera aussi bien les spécialistes des sciences humaines et sociales que toute personne s’interrogeant sur le rôle et la place des langues et dialectes dans la société.