Donc jâĂ©tais sous lâarrĂȘt du bus et jâai vu une flaque dâeau. LĂ . PosĂ©e sereinement au milieu de la route. Comme tombĂ©e dâun ciel ensoleillĂ© pour sâĂ©craser dans un trou remontĂ© de lâEnfer. Un fossĂ© au centre de la rue dĂ©serte. Une porte miraculĂ©e sâouvrant sur un monde inconnu, une autre dimension. Un dernier espoir de mort juste devant moi. Uniquement pour moi, nâattendant quâun geste de ma part. Alors je me suis levĂ©e du banc mĂ©talliquement froid de lâabri bus et jâai marchĂ© jusquâĂ cette flaque. Elle avait la taille dâun ocĂ©an ! La tombĂ©e de la nuit y reflĂ©tait la lumiĂšre du rĂ©verbĂšre et de la pleine lune avec une insouciance incroyable et irrespectueuse. Avec mes bottes et mon long manteau noir jâai eu lâimpression dâĂȘtre la Grande Faucheuse mĂ©ritant elle aussi un long repos. Les semelles de mes bottes se blottirent juste au bord du gouffre. Je me suis penchĂ©e un peu au dessus de la flotte pour y fixer mon reflet. Un reflet pĂąle et dĂ©testable. Mes cheveux blonds tombaient comme des cadavres dessĂ©chĂ©s devant mes Ă©paules. MĂȘme mes yeux nâĂ©taient plus des yeux mais juste deux trous sombres et nausĂ©eux.