Danton sait qu'on ne parle point au peuple comme on parle Ă des magistrats ou a des lĂ©gislateurs, qu'il faut au peuple le langage rude, simple, franc et net du peuple. Paris n'a-t-il point bĂąillĂ© Ă l'admirable morceau de froid lyrisme et de noble Ă©loquence de Robespierre pour la fĂȘte de l'Ătre SuprĂȘme? C'est en vain que, sur les gradins du Tribunal rĂ©volutionnaire, Vergniaud dĂ©roula les plus harmonieuses pĂ©riodes classiques d'une dĂ©fense Ă la grande façon. Mais Danton n'eut Ă dire que quelques mots, Ă sa maniĂšre, et la salle se dressa tout Ă coup vers lui, contre la Convention. Il fallut le bĂąillon d'un dĂ©cret pour museler le grand dogue qui allait rĂ©veiller la conscience populaire. LĂ seul fut l'art de Danton. La RĂ©volution venait d'en bas, il descendit vers elle et ne demeura pas, comme Maximilien Robespierre, Ă la place oĂč elle l'avait trouvĂ©.