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Fatalité et histoire dans *Les Soleils des indépendances* d'Ahmadou Kourouma : Radioscopie littéraire d'un texte phare du roman africain

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L'année 2000 a vu la célébration joyeuse et multicolore du cinquantenaire de l'obtention des indépendances dans la plupart des pays africains ayant appartenu à l'ancienne AOF (Afrique Occidentale Française). Partout sur le continent, la fierté d'être sorti de la colonisation fut célébrée. Cependant, un questionnement a eu lieu sur la gestion de cinquante années d'indépendance africaine. En effet, le son mélodieux des instruments de musique pouvait difficilement cacher la symphonie macabre des cris des prisonniers politiques détenus par des pouvoirs dictatoriaux, qui s'étaient installés sur les décombres de l'empire colonial. De tous les romanciers africains contemporains, Ahmadou Kourouma fut certainement celui qui réussit le mieux à montrer les limites et les crimes du nouveau pouvoir dans un roman jusqu'à présent inégalé : « les soleils des indépendances ». À travers l'étude du phénomène historique tel que narré dans ce roman, et de ce qu'il conviendrait de qualifier de fatalité, le présent ouvrage entend apporter la preuve que les conditions de l'échec relatif des pays africains étaient déjà réunies au moment où fut proclamée l'indépendance : il s'agit d'une classe intellectuelle insuffisamment préparée au pouvoir politique, l'inexpérience des conditions de gestion d'un État moderne et fort, le micro-nationalisme volontairement suscité par l'ancienne puissance coloniale, et les querelles de personnes et de préséances. Fama, prince sans couronne, apparaît ainsi comme le symbole d'une Afrique, dont le sort a été définitivement changé par le fait colonial.