(0)

Histoire de Jean-l'ont-pris

E-book


Nous sommes dans la Vaunage, prĂšs de NĂźmes au XVIIIe siĂšcle. Jean l'ont-pris, de retour d'enterrer sa femme, et tout Ă  sa joie de l'avoir fait, va raconter son histoire Ă  un gentilhomme croisĂ© par hasard. Dans une langue savoureuse et pleine d'humour, Joan Batista Favre nous conte cette vie truculente, pleine de turpitudes, oĂč sournoiserie et malhonnĂȘtetĂ© sont les maĂźtres-mots. Un des chefs-d'Ɠuvres des lettres d'oc.

Extrait : "Je vous dirai, monsieur, que je suis nĂ© Ă  Solorgues, non pas d'une grande, grande famille, si vous voulez, mais assez passable pour l'endroit. Mon pĂšre s’y installa, et y leva boutique de ressemeleur avec l'approbation des puissances, c'est-Ă -dire du consul, du marĂ©chal et d'un capucin, qui venait y faire tous les ans la quĂȘte de l'huile. Il s'y fit tant chĂ©rir, tant admirer, enfin il fit si bien qu'il vint Ă  bout de ses dĂ©sirs et qu'il s'y maria avec une bĂątarde du chirurgien de Calvisson. La mĂšre et la fille vivaient lĂ  retirĂ©es comme deux petites vierges, et des gens dignes de foi m'ont assurĂ© que ma mĂšre Ă©tait alors la plus gaillarde fille qu'il y eĂ»t dans tout le pays. Elle s'appelait Margot, et mon pĂšre, devant Dieu soit-il, portait le nom de Truquette. Pour moi, il m'est arrivĂ© comme aux enfants de noblesse qui ne portent pas le nom de leur famille. Je m'appelle Jean-l'ont-pris : non pas que ce soit le nom d'une terre, car, exceptĂ© un plein vase oĂč ma mĂšre tenait du basilic sur une fenĂȘtre, mes parents, quand je naquis, ne possĂ©daient pas une pelletĂ©e de terre en propre. Mais dans la suite je vous expliquerai d'oĂč me vient ce nom, qui m'est toujours restĂ© depuis. Suivons les choses par leur fil."