Les contes lâont imaginĂ©e blanche, liliale, la chevelure ornĂ©e de douces Ă©toiles de givre, le regard clair. Mais je peux dĂ©sormais vous dire que la Reine des Neiges est une flamme rouge, une gemme Ă©carlate livrĂ©e Ă lâinconstance des cieux, une torche vive. Je nâai jamais trouvĂ© le froid si diffĂ©rent de la chaleur : une mĂȘme sensation jaillit dans cette intensitĂ©, dans cette foudre qui emplit le corps lorsque ces deux extrĂȘmes ensemble Ă©closent. Toucher la neige, câest toucher le feu, glacer sa chair jusquâĂ ce quâelle ne soit plus quâune violente brĂ»lure. Tenter de faire ployer le givre, câest plonger dans un bĂ»cher, pĂ©rir dans une gerbe de flammes blanches. Je me souviens encore de la premiĂšre fois que je vis de la neige Ă New Shanghai, au cours de cet hiver cendreux de lâan passĂ©, le plus rude, disait-on, depuis presque cent ans...