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J'entends encore la mer

E-book


Le bateau se dĂ©tache du bord et Vincent voit la ville s’éloigner. LĂ -bas, sous les arcades, dans les rues oĂč file un vent si tiĂšde, dans les ruelles bruyantes de Bab-el-Oued, dans la rue Michelet, ou plus loin encore, vers les montagnes, Ă  SĂ©tif ou Tizi Ouzou, partout oĂč il a Ă©tĂ©, oĂč il a vĂ©cu, sont ancrĂ©s ses souvenirs, ses rĂ©miniscences de petit garçon, d'adolescent, de jeune homme. Tout Ă  cĂŽtĂ©, un type vomit par-dessus la balustrade. Ce n’est pas le mal de mer, c’est trop tĂŽt pour ça. Ce type vomit Ă  cause d’un verre de trop
 ou Ă  cause de l’AlgĂ©rie. La bile c’est comme les regrets, il faudrait les jeter Ă  la baille. Impossible pour Vincent de jeter quoi que ce soit, impossible. Il transpire, les larmes emplissent ses yeux. Non, il ne veut pas pleurer. Il fait un effort colossal sur lui-mĂȘme. Il n’a jamais pleurĂ©, jamais ! Ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Tout en contrastes, le parcours d’un pied-noir pour une page poignante d’histoire de France et d’AlgĂ©rie. Les images sautent au visage, les couleurs brĂ»lent la rĂ©tine, l’émotion prend Ă  la gorge. Un voyage dans le temps et l’espace, un exil dont, Ă  l’image de son personnage, on ne revient pas indemne. Une rĂ©ussite.