"Je suis un chien.
Mon corps n'est pas bien grand, environ trois poulets compressĂ©s, inscrits dans un cube. MalgrĂ© ma petite taille, rien ne m'Ă©chappe : ni les pastis que mon maĂźtre se verse en douce ni cette odeur Ă©trange qui imprĂšgne les vĂȘtements de ma maĂźtresse.
Je vois tout, d'en bas, par fragments, ensuite je recompose. J'observe avec mon nez, mes oreilles, ma mĂ©moire et surtout mon imagination. J'aimerais penser, raisonner comme le font les hommes les plus bĂȘtes, mais souvent je m'enlise, je me trompe dans les temps. Heureusement il y a Sonia qui m'aide et me protĂšge, Sonia Potemkine.
Elle dit : le chien est une fenĂȘtre qui ouvre sur l'autre monde.
Elle dit : le chien est un signe de ponctuation entre les ĂȘtres, un trait d'union.
J'aime l'écouter parler. Je m'allonge à ses pieds. Une douce chaleur m'envahit. Je suis un lien, un prétexte tendre. Un souffle apaisé par la caresse des mots."
Marie Nimier