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La corde au cou

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Emile Gaboriau (1832-1873)

"Dans la nuit du 22 au 23 juin 1871, vers une heure, le faubourg de Paris, qui est le principal et le plus populeux faubourg de la jolie ville de Sauveterre, fut mis en Ă©moi par le galop frĂ©nĂ©tique d’un cheval sonnant sur les pavĂ©s pointus.

QuantitĂ© de bourgeois se prĂ©cipitĂšrent Ă  leurs fenĂȘtres. Ils ne virent dans la nuit sombre qu’un paysan en bras de chemise et la tĂȘte nue, talonnant et bĂątonnant furieusement une grosse jument blanche qu’il montait Ă  cru.

Ce paysan, aprĂšs avoir longĂ© le faubourg, prit Ă  droite la rue Nationale – rue ImpĂ©riale jadis –, traversa la place du MarchĂ©-Neuf, tourna la rue Mautrec et s’arrĂȘta court devant la belle maison qui fait l’angle de la rue du ChĂąteau. C’est lĂ  qu’habite le maire de Sauveterre, M. SĂ©neschal, ancien avouĂ©, membre du conseil gĂ©nĂ©ral.

Ayant mis pied Ă  terre, le campagnard empoigna la sonnette et se mit Ă  la secouer si violemment, qu’à l’instant toute la maison fut debout. La minute d’aprĂšs, un gros et gras domestique, les yeux encore chargĂ©s de sommeil, venait ouvrir, et d’un accent irritĂ© s’écriait tout d’abord :

– Qui ĂȘtes-vous, l’homme ? Que voulez-vous ? Avez-vous bu un coup de trop ? Ignorez-vous chez qui vous cassez les sonnettes ?

– Je veux parler Ă  monsieur le maire, rĂ©pondit le paysan, Ă  l’instant mĂȘme, rĂ©veillez-le...."

Le chùteau de Valpinson est la proie des flammes... son propriétaire, le comte de Claudieuse, est griÚvement blessé par deux coups de fusil de chasse... Jacques de Boiscoran, un voisin, est reconnu et accusé de ce double crime par un simple d'esprit... Est-il coupable ?