Guillaume Apollinaire (1880-1918)
"Elvire Goulot est nĂ©e Ă Maisons-Laffitte. Elle a tirĂ© de cette origine un goĂ»t dĂ©terminĂ© pour les chevaux quâelle peint dâune façon remarquable et pour lâĂ©quitation bien quâelle nâait plus dĂ©sormais lâoccasion de sây livrer. Mais elle y songe souvent et surtout lorsquâelle a des embĂȘtements.
Elle a vu de merveilleux chevaux dans les écuries fameuses de sa ville natale et cependant ceux dont elle se souvient avec le plus de plaisir, ce sont les trois chevaux blancs attelés à la troïka de son amant, le grand-duc André Pétrovitch :
« Jâavais Ă ma disposition la troĂŻka de mon amant Ă laquelle Ă©taient attelĂ©s les trois plus beaux chevaux de toute la Russie. Ils Ă©taient aussi blancs que la neige et on les estimait un million piĂšce. Leurs queues traĂźnaient presque jusquâĂ terre. Ils allaient comme le vent et le cocher qui les guidait Ă©tait le plus gros que lâon sĂ»t voir. »
DĂšs lâenfance, Elvire eut un esprit dĂ©liĂ© et une mĂ©moire remarquable. Elle nâa jamais Ă©tĂ© croyante, mais nâa jamais cessĂ© dâĂȘtre superstitieuse. Ses rĂȘves ont toujours Ă©tĂ© tournĂ©s vers les choses de lâamour. Câest ainsi quâenfant, elle rĂȘvait dâĂ©pingles, de pieux ou de barriĂšres, ce qui, au tĂ©moignage dâune certaine Ă©cole, indique des destinĂ©es charnelles nettement accusĂ©es.
Son premier amant fut un mĂ©decin, homme mariĂ©, Ă la fois trĂšs gentil et trĂšs dĂ©bauchĂ©. Il la prit alors quâelle avait quinze ans. Il en avait trente-six..."
Chroniques autour d'Elvire, une jeune femme libérée - portant monocle - et dont la grand-mÚre fut, un temps, mormone...
Du Montparnasse de la guerre Ă Salt Lake City du XIXe siĂšcle...