L’objectif de ce livre est double. Un peu plus de vingt ans après la tenue à Québec d’un colloque intitulé « La littérature comme objet social », il nous a paru nécessaire de faire le point sur les développements méthodologiques, théoriques et heuristiques déployés ces dernières années par de nouvelles générations de chercheurs qui se réclament diversement d’une tradition qui remonte aux travaux fondateurs de György Lukács et de Lucien Goldmann et qui ont intégré dans leur réflexion les avancées de la sociocritique (depuis Claude Duchet), de l’analyse du discours social (depuis Marc Angenot), de la théorie du champ et de l’institution littéraire (depuis Pierre Bourdieu et Jacques Dubois). Au fil des ans, les recherches se sont développées sur des terrains variés, qui débordent largement la stricte analyse de textes. Elles reflètent ainsi la diversité, la complémentarité et l’intérêt d’une tradition qui n’a cessé de se remettre en question.
Second objectif, lié de très près au premier : nous avons souhaité que cette mise à jour soit l’occasion de souligner l’apport singulier à cette discipline de Denis Saint-Jacques, professeur émérite de l’Université Laval. Les signataires de cet ouvrage ont travaillé avec lui à un titre ou à un autre et savent tous le rôle important qu’il a joué dans le renouvellement des modèles de recherche en études littéraires. La diversité de ses champs d’intérêt l’a conduit à développer des méthodologies issues de différents courants sociologiques et à accueillir des interrogations liées à l’ensemble des pratiques artistiques. Homme d’équipe avant tout, il a su déployer à la fois l’initiative, l’autorité et l’humilité nécessaires au travail collectif. Les textes réunis ici témoignent de cette transmission fondamentale.
Avec des textes de Paul Aron, Marie-Andrée Beaudet, Luc Bonenfant, Micheline Cambron, Marie-José des Rivières, Sandria P. Bouliane, Pierre Rajotte, Adrien Rannaud, Lucie Robert, Chantal Savoie, Esther Trépanier, Alain Vaillant et Alain Viala.