1973 : un road trip dans les pays de l'Est, au cours duquel l'attrait pour l'idéalisation et le kitsch politique vont faire prendre bien des risques...aux autres !
Le début : « Alors même que j’étais émerveillé, mes parents répétaient :
- Prends exemple sur ta grande sœur : elle ne ment jamais !
Blandine captait toute mon attention.
Elle était si belle avec sa peau ambrée, ses profonds yeux noirs, ses sourcils légers, sa bouche framboise et ses dents de perles. Je l’attendais pour jouer, pour rire, pour tout ce qui me passionnait, mais en elle, vivaient des besoins plus nobles. Elle avait de vraies choses à faire, comme recommencer ses pages de divisions, relire la vie des grands de ce monde, archiver ses cartes postales ou se tenir droite devant les miroirs. Elle m’accordait pourtant des moments de jeu. L’un d’entre eux démarrait, lorsqu’elle donnait le signal en tambourinant des pieds sur le plancher. J’arrivais en courant pour découvrir son visage caché derrière la masse de cheveux que ses longs bras crêpaient vigoureusement. Je l’appelai :
- Blandine ? Où es-tu ? M’entends-tu ?
- D’un coup, elle se redressait, et me poursuivait pendant que je criais :
- Le loup l’a mangée ! Le loup l’a mangée ! »
Source : https://www.claude-fee.com/la-nuit-blandine-2/