Jules Verne (1828-1905)
"Jambes Ă©cartĂ©es, regard perdu vers lâhorizon brumeux du rĂȘve, Robert Morgand, depuis cinq bonnes minutes, demeurait immobile, en face de ce long mur noir tout constellĂ© dâaffiches, bordant une des plus tristes rues de Londres. La pluie tombait Ă torrents. Du ruisseau, montĂ© peu Ă peu Ă lâassaut du trottoir, le courant minait sournoisement la base du songeur, dont le sommet Ă©tait en mĂȘme temps fort menacĂ©.
AbandonnĂ©e par lâesprit parti pour quelque lointain voyage, la main, en effet, avait lentement laissĂ© glisser le parapluie protecteur, et lâeau du ciel ruisselait librement du chapeau Ă lâhabit transformĂ© en Ă©ponge, avant de se mĂȘler au cours du ruisseau tumultueux.
Robert Morgand ne sâapercevait pas de cette malice des choses. Il ne sentait pas la douche glacĂ©e aspergeant ses Ă©paules. En vain fixait-il ses bottines avec une attention passionnĂ©e, il ne les voyait pas â tant sa prĂ©occupation Ă©tait grande â se transformer en deux rĂ©cifs, contre lesquels le ruisseau mĂ©content sâacharnait en humides taloches.
Toutes ses facultĂ©s dâattention Ă©taient monopolisĂ©es par un mystĂ©rieux travail auquel se livrait sa main gauche. Disparue dans la poche du pantalon, cette main agitait, soupesait, lĂąchait, reprenait quelques menues piĂšces de monnaie, dâune valeur totale de 33 fr, 45, ainsi quâil sâen Ă©tait prĂ©alablement assurĂ© Ă de nombreuses reprises."
Robert Morgand se retrouve à Londres sans ressource, ayant perdu son emploi. Il s'engage comme cicérone-interprÚte pour une croisiÚre "low-cost" aux ßles Açores, MadÚres et Canaries. Robert doit parer au manque d"organisation et de préparation de l'agence "Thompson and Co" car les incidents se multiplient...
"L'agence Thompson and Co" aurait été intégralement écrit par Michel, le fils de Jules Verne.