« Écoute, lui dit madame Brécart, il faut que tu m’entendes. Je te comprends mieux que tu ne crois, je te dirai même que je te plains. Oh ! tu as beau me regarder avec dédain, de nous deux, ce n’est pas moi qui suis à plaindre ; et cela n’est pas une question de position ou de fortune, c’est une question de caractère. Tu as voulu être parfaite ; tu t’es soustraite aux erreurs, aux défaillances de la vie ordinaire ; tu as cherché ailleurs que dans l’existence réelle la satisfaction de tes désirs et l’accomplissement de tes rêves. Tu rougissais à la pensée de la maternité, tu me trouvais inconvenante quand j’embrassais mon mari... et voilà que la vie s’est vengée sur toi : tu aimes le mari d’une autre ! Tu connais les paroles de l’Évangile : Celui qui a commis l’adultère dans son cœur est adultère. Eh bien, voilà ton châtiment ! Si tu avais été la femme d’un autre, tu n’aurais pas convoité mon mari...
– Je n’ai pas convoité ton mari, interrompit Camille ; l’amour que je lui porte n’a rien de commun avec ce que, toi, tu appelles de ce nom !... »
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