En ce jour de retrouvailles maman prenait joyeusement des nouvelles fraîches de papi Edmond qui conduisait. Je devinais plus tard ce rôle interprèté parfaitement par ma mère rieuse et pleine d’entrain. Ce camouflage lyrique dont mon grand-père s’était masqué tout aussi bien. La dissimulation de la gêne provoqué par l’échec de notre aventure africaine était ici faite avec une jovialité presque sincère. Mais aussi en des manières pudiques si fréquemment employées afin qu’illusoirement on ne montre rien de ses vrais sentiments. Et effectivement j’étais dupe de cette forme de politesse. Du haut de ses dix ans, mon grand frère quand à lui savait déjà aussi travestir les pensées qu’il donnait à voir. Daouda assis sagement près de moi était à demi plongé dans sa bande-dessinée superman. Un soleil levant projetait une lumière de feu créant une aube vaporeuse, ouate et fraîche. Devant la lumière perçante, au travers de la vitre de la Peugeot 504 bleu métalisé, mon regard d’enfant curieux et tout aussi innocent de cinq ans se noyait dans des étendues de verdures champêtres.