Charles Dickens (1812-1870)
"La Bouilloire fit entendre son premier cri ! Ne me dites pas ce que mistress Peerybingle disait. Je le sais mieux quâelle. Mistress Peerybingle peut laisser croire jusquâĂ la fin des temps quâelle ne saurait dire lequel des deux commença Ă crier ; mais moi je dis que câest la Bouilloire. Je dois le savoir, jâespĂšre ! La Bouilloire commença cinq bonnes minutes, Ă la petite horloge de Hollande qui Ă©tait dans un coin, avant que le Grillon poussĂąt le premier cri.
Comme si, vraiment, le petit faucheur placĂ© en haut de lâhorloge nâavait pas fauchĂ© au moins un demi arpent de prĂ©, abattant une herbe imaginaire avec sa faux lancĂ©e de droite Ă gauche, avant que le Grillon fĂźt chorus avec la Bouilloire !
Je ne suis pas dâun caractĂšre absolu ; tout le monde le sait. Je ne voudrais pas mettre mon opinion en opposition avec celle de mistress Peerybingle, si je nâĂ©tais pas sĂ»r, positivement sĂ»r de ce que je dis. Mais ceci est une question de fait. Et le fait est que la Bouilloire se mit Ă chanter au moins cinq minutes avant que le Grillon donnĂąt signe de vie. Contredisez-moi, et je le dirai dix fois.
Laissez-moi narrer exactement ce qui se passa. Câest ce que jâaurais fait tout dâabord, si ce nâĂ©tait pas par cette simple considĂ©ration que, si jâai une histoire Ă raconter, il faut que je commence par le commencement, et comment est-il possible de commencer par le commencement, sans commencer par la Bouilloire ?"
Un grillon qui stridule dans une maison porte bonheur ! C'est pourquoi John et Dot Peerybingle sont heureux. Ils viennent à héberger, pendant quelques jours, un inconnu. Le grillon va-t-il continuer de chanter ?