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Le mythe des guerres de légitime défense

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Comme la guerre est une affaire de force, et non de judicature, il importe moins à des États en guerre d'avoir raison qu'à des particuliers dans un procès. « Right or wrong, my country ». Qu'il ait tort ou raison, je suis pour mon pays. C'est en effet le vainqueur qui a raison ; la force fait le droit. Mais on n'aime généralement pas avouer qu'on a tort, et qu'on ne doit son droit qu'à la force! Un État en guerre essaie donc tout de même de mettre le droit de son côté, soit en arguant qu'il n'a pas commencé les hostilités, soit en disant qu'il a été provoqué s'il les a commencées. C'est l'argument de la légitime défense. Comment un État aurait-il tort s'il ne fait que se défendre ? N'est-ce pas la preuve qu'il est innocent de la guerre ?

L'argument de la légitime défense a donc tenu dans la grande guerre, des deux côtés, une place capitale. On se propose de démontrer ici par l'étude des faits, en prenant comme exemples la France et l'Allemagne, les deux pays qui se la sont le plus renvoyé, qu'il ne fut qu'un mensonge, destiné à faire avaler la guerre par les peuples, et que s'il y a une leçon à tirer de la grande guerre, c'est précisément l'inanité de la distinction entre guerres agressives et guerres défensives.