« Elle était bel et bien morte. Oui, morte ! L'assassin n'était autre que mon père. Pour ne rien vous cacher, je faillis commettre un crime, cette nuit-là ! J'allai à la cuisine, pris un couteau et revins droit vers mon père qui ne se doutait de rien. Je m'apprêtai à lui enfoncer le couteau dans le ventre, puis dans la gorge, puis entre les yeux, puis dans les flancs... Croyez-moi, il ne me faisait plus peur ! Il était accroupi, la tête de ma mère dans les mains. Il pleurait en criant de toutes ses forces : — Aïcha ! Ô Aïcha, ma bonne femme ! Relève-toi ! Jamais plus je ne poserai la main sur toi ! Jamais plus je ne toucherai un cheveu de toi ! Aïcha ! Aïcha ! Je me dis que l'occasion était propice. Je l'attaquerais par surprise. » Maroc, un soir de décembre 1986. Le fils d'Aïcha a vingt ans, son père est à deux doigts de le mettre à la porte du domicile familial. Un coup de colère, une dispute qui dégénère, sa mère qui vient lui porter secours prend un mauvais coup... Le père corrompra le médecin qui conclura à une mort naturelle, mais la culpabilité le rongera. Dix ans plus tard, il sera condamné... Comment vivre avec un secret de famille ? Comment se repentir ? Peut-on seulement pardonner ? Autour d'un fait divers tragique, Dahour El Mostafa illustre l'indicible et signe une étude psychologique subtile portée par une galerie de personnages plus vrais que nature.