« En me tournant pour bien regarder un beau paysage qu'on venait de dépasser, je sursautai en lisant un panneau de signalisation placé dans le sens inverse indiquant : “Ville de Mbota : 140 km”. Pourtant, avec toutes les informations en ma possession, je savais que Mbota se trouvait à soixante kilomètres. Donc, nous n'avions pas pris la bonne direction pour aller en ville. Au même moment, le chauffeur comprit que j'avais déjà découvert la vérité. D'un geste de la main, il souleva calmement son siège et sortit une arme automatique GP 35 de marque Browning, pareille à celle que possédait mon père. Il ne dit mot, il la tenait dans sa main droite, son canon pointé droit vers moi et sa main gauche tenant le volant. » Un pneu crevé sur le chemin de l'aéroport, un vol raté dû à la météo, un kidnapping par un faux chauffeur de taxi... C'est le parcours du combattant pour Hassan qui ne demandait qu'à rejoindre la ville de Mbota pour y entreprendre ses études en économie. Mais ce n'est que le début de ses ennuis. Sa famille, de son côté, attire les foudres du régime et est poussée à l'exil lorsqu'elle n'est pas recherchée par la police... Le jeune homme saura-t-il prendre son destin en main et retrouver les siens ? Avec ses airs d'histoire de fou, "Le Voyageur" de Hans Kuzimbu emprunte davantage la voie du périple initiatique que celle d'un long fleuve tranquille. Imprévisible, grave et décalée à la fois, la chronique plutôt amère d'une certaine Afrique.