CruautĂ©, fraudes, drogues, invasions de domicile, meurtre de chiots. Les braises exorcise les pulsions les plus sombres en donnant Ă lire des scĂšnes dĂ©cadentes, Ă la fois surrĂ©alistes, inquiĂ©tantes et familiĂšres. Lâauteur met en scĂšne un esprit mauvais, un personnage sans nom, dĂ©calĂ© et dĂ©viant, qui sâadresse Ă un improbable double de lui-mĂȘme. Cette correspondance Ă sens unique est un violent coup de bĂ©lier, un dĂ©lire exaltĂ© contenant les souvenirs dâun homme aigri et marquĂ© par une enfance atypique. ĂlevĂ© par un pĂšre caractĂ©riel, presque inadĂ©quat, le narrateur tire Ă bout portant sur tout ce qui bouge, dĂ©blatĂšre sans relĂąche, pointe un long doigt tordu sur ceux qui lâentourent, nâĂ©pargnant rien ni personne. De cet homme broyĂ© en dix mille morceaux Ă©merge le portrait dâun redoutable monstre, un ennemi en tout point semblable Ă celui qui dort en chacun de nous. PortĂ© par le lyrisme et la prĂ©gnance des images, ce rĂ©cit semi-fictionnel est un lent dĂ©membrement, une exĂ©cution sauvage, et surtout un rappel quâon ne peut Ă©chapper Ă soi-mĂȘme Ă©ternellement, au risque de voir les fondements de son identitĂ© sâeffondrer.