Vers 1860, un fils de pasteur qui avait fait de lâĂ©tude de la nature son occupation principale, rĂ©flĂ©chissait au mode de reproduction de lâichneumon. Cette espĂšce de guĂȘpe, au dard extrĂȘmement dur, pond ses Ćufs dans le corps dâun autre animal, et notamment des chenilles. Lorsque les larves Ă©closent, elles dĂ©vorent ensuite leur hĂŽte de lâintĂ©rieur (une chrysalide qui a Ă©tĂ© ichneumonĂ©e donnera donc naissance Ă un ichneumon, et non Ă un papillon). Le spectacle de la lutte pour la vie dans toute sa cruautĂ©, suffit alors pour que celui qui y songeait, renonce dĂ©finitivement Ă croire en un Dieu tout-puissant et plein de bontĂ©, qui aurait crĂ©Ă© le monde. Ce jeune homme sâappelait Charles Darwin.
Sans prĂ©juger de la valeur de son travail subsĂ©quent, quâon lise Ă lâopposĂ© ce quâĂ©crit Alexandre Morel sur la relation entre lâichneumon et le papillon, et les applications spirituelles quâil en tire Ă propos de lâĂąme humaine. Quelle que soit la conviction que chacun en retirera, il devra convenir que lâexamen des papillons, pour frĂȘles et Ă©phĂ©mĂšres que soient ces petites bĂȘtes, ne va sans entraĂźner de grandes pensĂ©es. Comme le fait remarquer Alexandre Morel, les Grecs avaient fort Ă propos dĂ©signĂ© dâun mĂȘme mot lâĂąme et le papillon : PsychĂ©.