Gaston Leroux (1868-1927)
"Quand Milon-Lauenbourg donna cette fĂȘte dans son nouvel hĂŽtel du bois de Boulogne, il Ă©tait Ă lâapogĂ©e de sa puissance. NommĂ© ministre du TrĂ©sor depuis huit jours par un gouvernement aux abois, il semblait quâil nây eĂ»t plus dâespoir quâen lui.
On avait tout essayĂ© pour sortir dâune situation au bout de laquelle on apercevait le gouffre.
Les emprunts ne rendant plus rien, on avait dû y renoncer : la derniÚre inflation avait été un désastre.
LâimpĂŽt sur le capital avec le produit duquel on devait remplir la caisse dâamortissement nâavait servi, en dĂ©pit des prĂ©cautions prises, quâĂ boucher quelques trous du budget car lâĂ©vĂ©nement avait prouvĂ© lâinanitĂ© de la conception dâune caisse nationale indĂ©pendante qui fĂ»t pleine pendant que celle de lâEtat Ă©tait vide.
Le commerce, lâindustrie ne se sauvaient dâun impĂŽt mortel quâen fraudant le fisc grĂące aux pires complaisances parlementaires.
Les ruines sâaccumulaient sur lesquelles, du jour au lendemain, sâĂ©difiaient de prodigieuses fortunes. Une horde dâagioteurs Ă©tait maĂźtresse du pays. Le coĂ»t de la vie prenait des proportions effrayantes."
Mais qui est ce mystérieux chef de bande, M. Legrand ? Serait-ce le tout-puissant ministre Milon-Lauenbourg ? Comment s'y retrouver dans ce panier de crabes dans lequel on ne sait plus qui est qui, qui fait quoi, qui travaille pour qui...