Michel ZĂ©vaco (1860-1918)
"La maison était basse, toute en rez-de-chaussée, avec un humble visage. Près d’une fenêtre ouverte, dans un fauteuil armorié, un homme, un grand vieillard à tête blanche ; une de ces rudes physionomies comme en portaient les capitaines qui avaient survécu aux épopées guerrières du temps du roi François Ier.
Il fixait un morne regard sur la masse grise du manoir féodal des Montmorency, qui dressait au loin dans l’azur l’orgueil de ses tours menaçantes.
Puis ses yeux se détournèrent.
Un soupir terrible comme une silencieuse imprécation, gonfla sa poitrine ; il demanda :
– Ma fille ?... Où est ma fille ?...
Une servante, qui rangeait la salle, répondit :
– Mademoiselle a été au bois cueillir du muguet.
– Oui, c’est vrai ; c’est le printemps. Les haies embaument. Chaque arbre est un bouquet. Tout rit, tout chante, des fleurs partout. Mais la fleur la plus belle, ma Jeanne, ma noble et chaste enfant, c’est toi...
Son regard, alors, se reporta sur la formidable silhouette du manoir accroupi sur la colline, comme un monstre de pierre qui l’eût guetté de loin..."
L'histoire débute en 1553. François de Montmorency épouse en secret Jeanne de Piennes ; les deux familles sont ennemis. Mais le soir même du mariage, Le connétable Anne de Montmorency oblige François à partir sur-le-champ défendre le bourg de Thérouanne en Artois. Pendant cette absence, son frère Henry, jaloux, met Jeanne à la porte de son domaine et commence sa vengeance...
A suivre : "L'épopée d'Amour".