Ma Syrie, câest celle du dĂ©sert, de ce lieu qui est Ă la fois austĂšre comme peuvent lâĂȘtre les Ă©tendues de pierres oĂč lâon ne sait que survivre, et doux comme un havre Ă lâĂ©cart du tintamarre des citĂ©s, comme un thĂ© Ă la menthe bu devant un feu, la nuit. Dans ce lieu si exigeant et pourtant si sĂ©duisant, Adeline Chenon-Ramlat a vĂ©cu avec les BĂ©douins, les « errants » des fonds sauvages, qui sont devenus sa famille de sang, au centre de la Syrie. Elle les a vus en cours de sĂ©dentarisation, porteurs du monde immense mais avec les gestes de la modestie propre Ă ceux qui ne risquent certes pas de « parvenir », entre nobles tentes d'apparat et pauvres maisons de parpaings, Ă la fois rĂȘveurs, gourmands, imaginatifs et sans illusion. Ceux-lĂ vivent Ă la frontiĂšre entre les campagnes et le dĂ©sert, dans les tampons entre les rebords de lâOccident et les marches de lâAsie sans fin, entre les postillonnants tourbillons de la modernitĂ© et le silence peuplĂ© des passions des trĂšs anciens pays. La façon de vivre ancestrale de ces gens est en cours dâextinction. HarcelĂ©s dans le NĂ©guev, massacrĂ©s en Irak et en Syrie, eux qui ont rĂ©sistĂ© Ă beaucoup dâinvasions sont en train de se courber sous la tempĂȘte. Cet ouvrage les montre juste avant le drame en cours, quand la vie Ă©tait rythmĂ©e par les faucons, les moutons, les olives, les espoirs et les longues veillĂ©es. Il est sĂ»r que certains bĂ©douins survivront, mais plus jamais leur vie ne sera pareille. Ce sont leurs habitudes, leurs traditions qui vont ĂȘtre bouleversĂ©es, et ce livre souhaite avant tout raconter Ă quoi elles ressemblent, dans leur unicitĂ©. Ici vous lirez le caractĂšre d'un peuple aussi imbriquĂ© dans la nature que fidĂšle Ă sa vision du monde.