Peut-ĂȘtre par fiertĂ©, Sylvia SacrĂ© ne dit jamais que, depuis lâenfance, son existence fut accablĂ©e. Par la dĂ©mence maternelle, par lâabandon paternel. Par le quotidien dans une citĂ© de banlieue. Puis par la misĂšre, la dĂ©sillusion dâun mariage mixte, les jours prĂ©caires de mĂšre devant assurer seul le devenir de sa fille tout en se frayant une voie professionnelle⊠Peut-ĂȘtre par pudeur aussi ne dit-elle pas tout, dans le dĂ©tail⊠Parce que ce serait trop Ă nous faire supporter⊠Aussi, plutĂŽt que dâassaillir le lecteur par ses traumatismes, ses dĂ©senchantements, Sylvia prĂ©fĂšre lâamener Ă porter un regard plus critique sur notre sociĂ©tĂ© et son fonctionnement⊠Depuis son expĂ©rience des franges et de lâexclusion, elle transforme ainsi son parcours heurtĂ© en un moyen dâaborder les sujets dâactualitĂ© qui travaillent aujourdâhui la France, depuis les fossĂ©s sociaux qui ne cessent de se creuser Ă une condition fĂ©minine encore prisonniĂšre des diktats du masculin. Partant des souffrances du « je » pour circonscrire les peines communes, Ă©tendant son discours du personnel au collectif, « Ma vie, mon combat », bien que relevant du genre autobiographique, brise le narcissisme qui lui est inhĂ©rent. RĂ©cit dâune vie qui sâest dĂ©roulĂ©e sur le fil du rasoir, le texte de Sylvia SacrĂ© ne se dĂ©solidarise jamais des peines dâautrui et ne renie rien des Ă©preuves et des obstacles surmontĂ©s, fidĂšle en cela Ă une philosophie intime qui veut quâelle ne serait pas qui elle est â Ă savoir une femme mĂ»re, philanthrope, engagĂ©e, rĂ©voltĂ©e, sensible, chaleureuse, vaillante, infatigable guerriĂšre â sans cette constante adversitĂ©.