« Tu lâas dis ! Qui tâa dit que jâavais des morpions ? Je vais te dĂ©couper ! Câest ton ami, il a eu des morpions, il a dit que câĂ©tait moiâŠ
- Câest vrai quâil a eu des morpions aussiâŠ
- Tais-toi. Paye-moi le mazout. Je vais te taper, tu vas voir si jâai des morpions. Il est oĂč mon verre ? »
Le grand Ă©cart parait immense entre Pauline, lâafricaine truculente des quartiers de Libreville et Anne, la vive et dĂ©daigneuse petite bourgeoise de Paris. Ce sont les souvenirs tendres et drĂŽles dâAntoine qui les rapprochent, des souvenirs factices aussi, rĂ©crĂ©Ă©s plus de vingt ans plus tard alors que tout sâest Ă©vaporĂ©. Câest avec Eric, lâami retrouvĂ© devenu ministre, quâil traversera Paris le havane au bec pour se fabriquer un bon, un vrai souvenir, un souvenir qui ne doit rien au passĂ©.
Et si les sottises de la vie constituaient, quand vient lâĂąge ridicule de la sagesse, lâĂ©lĂ©ment le plus pesant de notre maturitĂ© trop digne ? Et que reste-t-il dâAntoine sans les mignardises de Bagatelle et les galipettes Ă©quatoriales ? Mazout aborde avec lĂ©gĂšretĂ© et humour ces minces futilitĂ©s qui nous font tels que nous sommes.