Je ne sais plus si j'ai aimé ce pays pour une femme ou l'inverse. Ce dont je me souviens, c'est que la mémoire nous joue des tours. Elle fait ce qu'elle veut comme si lacérer mon histoire de cette pointe aiguisée laisserait fuir le sang de ces plaies anciennes. Alors j'ai dû rouvrir les cicatrices afin de les effacer pour de bon. Je traînais ces textes avec la poussière de ces dizaines d'années. Il a fallu que je me replonge dedans, comme dans une piscine, vide depuis le temps et retrouver toutes ces impressions que j'avais ressenties. J'en ai eu la nausée. Était-ce ce trop-plein de moi-même ou la vision de ce que j'avais été et qu'heureusement je n'étais plus. Après avoir publié Morvan, ma terre d'exil j'ai reconnu intérieurement qu'il n'y avait qu'une face de cette attraction. J'ignorais alors encore beaucoup de choses sur moi-même, quand j'écrivais ces belles et nobles intentions pour ces femmes. N'était-ce pas une façon de parler de ce pays, de ce Morvan ?