« Tout au long de la route, je pensais à Paul, comme ça, sans me remémorer sa vie, nos actions... Il était là, sa présence m'entourait. C'était donc lui ! Je ne pus m'empêcher de sourire... Ce passager intraitable, exigeant, qui, en m'accompagnant depuis le matin, m'avait permis, à travers son regard, de voir plus loin, au-delà de mes images mémorisées, apprises, ce monde différent, libéré de mes pseudo-connaissances, et dans lequel mes certitudes s'envolaient... Enfin, le peu que j'avais. » Plonger en mer, plonger dans sa mémoire... Ces deux actes sont plus proches qu'il n'y paraît, et le texte de L. Milon le démontre à sa façon, en développant une atmosphère sourde, cotonneuse, labile... Ainsi les souvenirs semblent-ils émerger comme à la faveur du flux et reflux de la mémoire... Et les événements qui ressurgissent, les figures qui réapparaissent, les lieux qui se redessinent, souvent chargés de mélancolie, de composer une œuvre en demi-teinte, à l'ambiance quasi fantasmagorique.