Enfant, je recherchais lâabsolu, je rĂȘvais dâunitĂ©, ce que jâappelais dĂ©jĂ lâUn. Mais pour survivre, jâai dĂ» apprendre Ă me compartimenter. Je me rebellais contre la rĂ©alitĂ©. Lâanorexie dont jâai souffert Ă lâadolescence a Ă©tĂ© pour moi une maniĂšre dâatteindre la purgation moraleâ; je me refusais aux changements de mon corps. Jâai commencĂ© Ă couver la noirceur. Je pleurais en espĂ©rant quâon mâentendrait, mais je ne croyais pas en Dieu. Mes parents mâont emmenĂ©e chez le psychiatre. Jâai pris des mĂ©dicaments. Ma personnalitĂ© a changĂ©. Mes frontiĂšres se sont Ă©croulĂ©es. Jâai eu vingt ans avec la conviction dâavoir une trĂšs vieille Ăąme, une Ăąme usĂ©e. Puis, amortie par les tranquillisants, je me suis mise Ă frĂ©quenter les boĂźtes de nuit. Ă ma maniĂšre, je recherchais lâextase. Jâai commencĂ© Ă entendre des voix, des chants plutĂŽt. Malheureuse, je rĂȘvais dâun amour absolu. Jâai Ă©tĂ© hospitalisĂ©e Ă quelques reprises. Puis le temps a passĂ©. Ă trente ans, je suis devenue follement amoureuse dâun homme qui se droguait. Déçue, je me suis rĂ©fugiĂ©e auprĂšs dâun compositeur. Puis tout a Ă©tĂ© de mal en pis. Jâai enfin vĂ©cu une psychose. Ma mĂšre est morte, et câest alors quâon mâa dĂ©clarĂ©e schizophrĂšne. Mais quâest-ce que la schizophrĂ©nieâ? Un mal mystiqueâ? Un dĂ©sordre chimiqueâ? Je nâai toujours pas de rĂ©ponse...