Jules Lermina (1839-1915)
"Dans le kraton de Kota-Rajia, se dressant comme un nid dâaigles au-dessus du fleuve Kroung-Daroub, Ă la pointe nord de lâĂźle de Sumatra, les Orangs-AtchĂ©s se dĂ©fendaient contre les conquĂ©rants hollandais avec un courage du dĂ©sespoir.
Peuple aux mĆurs violentes, aux instincts pillards, les AtchĂ©s semblaient indomptables ; leur sultan, Mahmoud Shah, enfermĂ© dans lâaltiĂšre et sauvage forteresse le kraton, juchĂ© sur une masse de rochers inaccessibles, repoussait tous les assauts, dirigeant avec une Ă©nergie sauvage ses troupes qui faisaient de leurs cadavres une barriĂšre infranchissable.
Autour du maĂźtre, serviteur dâAllah, sâĂ©taient groupĂ©s les chefs des tribus barbares et courageuses, fanatisĂ©es par le mĂ©pris de la mort, qui, oubliant dans cette crise suprĂȘme leurs querelles intestines, Ă©taient accourues pour rĂ©sister Ă lâenvahisseur.
Ils Ă©taient tous lĂ , ceux de Waslah, Ă©gorgeurs de bĆuf ; ceux de Malaboch, les mangeurs dâoubo-oubo, mĂ©duses et poulpes ; ceux de Malivang, sortis des gorges impĂ©nĂ©trables du lac de Tola ; mĂȘme ceux de Tibab qui est Ă la pointe sud, prĂšs du dĂ©troit de la Sonde : la haine de lâĂ©tranger, du civilisĂ©, du roumi rĂ©unissait les peuplades les plus disparates, qui avaient acceptĂ© lâautoritĂ© des trois grands panglimas (lieutenants) du sultan, Toukou Ibrahim, le seigneur des vingt-six moukims (districts) : Toukou Polim, qui commandait aux vingt-deux moukims : Toukou LampasĂ©e, le chef des vingt-cinq.
Depuis neuf ans la guerre sĂ©vissait, tenace et infatigable de la part des Hollandais, furieuse et dĂ©sespĂ©rĂ©e chez les AtchĂ©s, ces audacieux pirates qui repoussaient lâintrusion des EuropĂ©ens, des blancs dĂ©testĂ©s..."
A Sumatra, lors d'une rébellion des Orangs-Atchés contre les Hollandais, un jeune garçon hollandais de 10 ans, Georges, est sauvé de la mort et emmené par un mystérieux personnage... plus tout à fait un singe mais pas encore un homme...